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Le baobab, trésor d’Afrique
mardi 25 mai 2010
Cet article a été publié dans la revue Bioinfo du mois de mai 2010. Nous le reprenons avec l’autorisation de la rédaction.

La rumeur se vérifie : le jus de baobab débarque en magasin bio ! On peut aussi trouver le fruit entier dans les magasins africains et de la pulpe en poudre sur internet. Riche de nombreuses vertus, cet aliment représente à lui seul une chance énorme pour tout un continent !
Parlera-t-on bientôt de la « mode baobab » dans les salons de l’alimentation ? Plus rien ne s’oppose en tout cas à l’avènement du baobab que l’on retrouvera bientôt dans les glaces, yaourts, barres de céréales et autres jus de fruits.
Répondant à une demande de mise sur le marché émise en 2006 par PhytoTrade Africa, une ONG sudafricaine à but non lucratif qui promeut le commerce équitable de produits naturels, la Commission européenne a en eff et donné son feu vert il y a un peu moins de deux ans d’ici pour que le fruit du plus célèbre des arbres africains trouve sa place dans la catégorie « Novel Food » et puisse être commercialisé comme un aliment dans l’Union européenne.
Jusqu’à présent, le « pain de singe », - ainsi nommé car les singes en raff olent -, était seulement autorisé comme complément alimentaire ou en extrait dans les produits cosmétiques.
Un fruit d’avenir
Arbre emblématique de l’Afrique centrale et symbole du Sénégal, le baobab africain (Adansonia digitata) - on trouve six autres espèces à Madagascar et une en Australie - est connu pour ses dimensions - il culmine à une trentaine de mètres pour une circonférence pouvant atteindre 40 mètres, soit un diamètre d’environ 12 mètres - pour la forme renflée de son tronc gorgé d’eau durant la saison des pluies, pour ses branches qui évoquent des racines, pour son incroyable résistance aux sécheresses et son exceptionnelle longévité (de plusieurs centaines d’années à 1 000, voire 2 000 ans).

Etymologiquement, son nom dérive du mot arabe « bu hibab » qui signifie fruit à nombreuses graines. Outre les multiples usages que l’on fait de son tronc (réservoir d’eau), de son écorce fi breuse (cordes, cordages, fi lets…), de la coque de ses fruits (plats, assiettes, lampes, bijoux….), de sa sève (colle et papier), de ses feuilles (sauces, tisanes, pâte à cataplasmes,…) et des graines de ses fruits (huile, savon, engrais ou substitut au café), le baobab est surtout apprécié pour ses fruits - en moyenne 500 kg par arbre et par année - et leur pulpe.
Le plus souvent de forme ovoïde - il ressemble à une grosse cabosse -, le « pain de singe » mesure entre 20 et 50 centimètres dans son plus grand axe. On en parle comme d’« un fruit de l’avenir », car il est riche en acides aminés, en vitamines (C, B1, B2 et B3) et en minéraux (calcium, zinc, manganèse, magnésium, cuivre, potassium, phosphate et fer) et il regorge d’antioxydants. Des scientifiques avancent même qu’il recèle jusqu’à dix fois plus de vitamine C que les oranges et trois fois plus de calcium que le lait.
Un jus onctueux
Très dure, la coque du baobab contient une centaine de graines enrobées d’une pulpe d’un blanc crémeux, déshydratée et au goût acidulé. Cette pulpe, très riche en fibres, nutriments et acide ascorbique, est largement utilisée dans la médecine traditionnelle comme fébrifuge, analgésique, anti-inflmmatoire, antidiarrhéique, antidysentérique, contre la constipation et dans le traitement de la variole et de la rougeole. Réduite en poudre, elle entre alors dans la composition de la pâte à pain. Particulièrement prisée en tant que complément alimentaire par les femmes enceintes, elle est également utilisée comme aliment des nourrissons. On peut aussi la mâchouiller - elle fond dans la bouche comme un bonbon - ou bien la dissoudre dans de l’eau et/ou du lait concentré pour en faire une boisson onctueuse, rafraîchissante et tonifiante, appelée « bouye » au Sénégal.

Le jus de baobab est un jus très consommé dans toute l’Afrique de l’Ouest. On le conseille notamment aux touristes qui ont des maux de ventre. Il est particulièrement recommandé à toute personne désirant retrouver et/ou conserver une bonne vitalité, en particulier lors des périodes de convalescence. C’est un produit naturel, de remise en forme générale, une arme pour combattre le stress et les fatigues passagères. Certains sportifs ne font pas mystère de leur consommation. C’est le cas du cycliste italien Damiano Cunego, un ancien vainqueur du Tour d’Italie.
Valorisation
L’apparition du fruit du baobab sur les étals des marchés européens est donc une vraie bonne nouvelle et ce d’autant plus que les Africains, en particulier les Sénégalais, qui le récoltent depuis toujours (production annuelle : environ 13 000 tonnes), devraient aussi y trouver une nouvelle source de revenus susceptible d’améliorer leur niveau de vie. Ce nouveau commerce, qui permet de valoriser un produit bio africain, pourrait créer plusieurs milliers de nouveaux emplois. De plus, même si tout acheminement d’un fruit a un coût écologique, l’impact environnemental pourrait être positif dans la mesure, où en recueillant les fruits pour commercialiser la pulpe, les Africains prennent conscience qu’il faut préserver et protéger le baobab, dont certaines espèces sont menacées, notamment par de mauvaises pratiques agricoles. Autrement dit, en donnant une valeur au fruit, on renforce la valeur de cet « arbre de vie. ».

En Belgique, l’heure du baobab est aussi venue. Certes, le fruit de l’arbre était déjà vendu dans certains magasins africains du quartier de Matonge à Bruxelles, et il est possible de se procurer de la poudre de pulpe en sachets (complément alimentaire) via Internet. Mais, depuis le mois dernier, on trouve aussi en magasin bio du jus de baobab mélangé à du gingembre ou de l’hibiscus, une boisson acidulée agréablement rafraîchissante. Le début d’une « baobabmania » ?
Luc Ruidant
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