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Amadou Hampâté Bâ

lundi 19 juillet 2010, par André Petithan

« Je suis un diplômé de la grande université de la Parole enseignée à l’ombre des baobabs »
Amadou Hampâté Bâ

Amadou Hampâté Bâ, descendant d’une famille aristocratique peule, est né au Mali en 1900.

Écrivain, historien, ethnologue, poète et conteur, il est l’un des plus grands spécialistes de la culture peule et des traditions africaines.

Chercheur à l’Institut français d’Afrique Noire de Dakar dès 1942, Amadou Hampâté Bâ fut l’un des premiers intellectuels africains à recueillir, transcrire et expliquer les trésors de la littérature orale traditionnelle ouest-africaine - contes, récits, fables, mythes et légendes. Ses premières publications datent de cette période.

En 1962, au Conseil exécutif de l’UNESCO, où il siégeait depuis 1960, il a attiré l’attention sur l’extrême fragilité de la culture ancestrale africaine.

Outre des contes, comme « Petit Bodiel et autres contes de la savane », Amadou Hampâté Bâ a également écrit des ouvrages d’histoire, des essais religieux ainsi que ses mémoires publiés en France à partir de 1991.

Amadou Hampâté Bâ est mort à Abidjan en mai 1991.

(Source : www.pocket.fr)

Des notes biographiques plus complètes sont disponibles sur Wikipédia notamment.

Un excellent site reprend nombre d’extraits de textes d’Amadou Hampâté Bâ.

Hampaté Bâ est surtout connu pour les deux tomes de sa biographie : « Amkoullel, enfant peul » et « Oui, mon commandant » (parus en collections de poche).

Le premier tome couvre l’enfance d’Amadou. Nous sommes entre 1900 et 1921, à Bandiagara, Mali. On y découvre une famille noble et aisée, dans un pays déjà sous la tutelle (le joug ?) coloniale française. Et c’est par la volonté de cette puissance coloniale (ou d’un de ses petits chefs...) qu’Amadou va être embrigadé dans l’aventure de l’école française. Il y réussira brillamment, accédant à tous les niveaux d’étude. Mais il refusera la promotion ultime pour un indigène à l’époque : rallier la grande école de Gorée au Sénégal. La lecture de ce tome permet de découvrir les habitudes de vie des Peuls au début du siècle passé. Les descriptions sont nombreuses et très vivantes. Les nombreux voyages de la famille donnent l’occasion de varier les paysages et les coutumes. Le rôle des femmes en Afrique de l’Ouest est aussi très bien décrit. L’adolescence d’Amadou permet aussi d’aborder l’importance des relations sociales au sein de la société africaine.

Le second tome, entre 1921 et 1933, commence en nous montrant un Amadou Hampâté Bâ sanctionné pour son refus de rallier Gorée. Sa sanction : l’exil à Ouagadougou, capitale de la Haute-Volta, actuel Burkina-Faso. Là, "écrivain temporaire", c’est-à-dire employé au service de l’administration coloniale, il devient ce que l’on nomme alors un "noir-blanc", c’est-à-dire un indigène influencé par les Blancs et à leur service..

Mais ce qui devait être une sanction devient vite pour le jeune Amadou une terrible et fructueuse source d’expériences. Il va voyager au gré des mutations qu’il subit (et parfois choisit) et trouvera dans ces années de service ce qui fera plus tard sa renommée : le goût pour l’histoire orale de l’Afrique de l’Ouest.

Et il est aidé en cela par cette administration coloniale qui reconnaît en lui non seulement un fidèle serviteur mais aussi un employé, un cadre compétent d’une probité parfaite qui saura écouter les populations et la sagesse traditionnelle afin d’influencer ses chefs lors de la résolution des innombrables conflits entre ces populations et l’administration coloniale française.

Hampâté Bâ décrit donc aussi son travail au sein de l’administration coloniale (parfois à un niveau exceptionnel pour un indigène à l’époque).

Comme partout, il y a dans cette puissance coloniale des monstres de bêtise, de brutalité qui n’auront de cesse de réduire le "nègre". Mais il y a aussi des hommes qui croient en leur mission, qui travaillent à une amélioration des conditions de vie locales, qui, simplement, sont capables d’être justes. Hampâté Bâ, au long de ses années de services, aura la chance d’être, le plus souvent, affecté auprès de ces derniers et, par ses qualités professionnelles, sera encouragé dans ses fonctions.

Au fil des ans, Amadou Hampâté Bâ, profite de sa connaissance du terrain pour rencontrer tout ce que les régions qu’il administre contiennent d’intellectuels, de religieux, de sages, de conteurs et de griots qui vont l’ouvrir à l’histoire et à la tradition orale.

C’est lui qui dira, bien plus tard, à l’Unesco : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».

Les livres d’Amadou Hampâté Bâ sont avant tout des récits de vie. Mais ils contiennent aussi d’intéressantes ressources philosophiques. En effet, au contact de Tierno Bokar (qu’il considère comme son père et à qui il consacrera un livre) va lui transmettre sa connaissance de l’Islam. Amadou Hampâté Bâ, là aussi, excellera.

Cette citation d’Amadou Hampâté Bâ me semble bien refléter sinon l’ambiance de ses livres, du moins son message profond :« Ce qu’il faudrait, c’est toujours concéder à son prochain qu’il a une parcelle de vérité et non pas de dire que toute la vérité est à moi, à mon pays, à ma race, à ma religion. Non ! La vérité ne peut être nulle part entière »