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Le projet Maraîchage du GIE Deggo

mercredi 6 juin 2012, par Marianne Bouton

a) Localisation du projet :

Située au centre du Sénégal dans la nouvelle région de Kaffrine, la localité de Malem Hodar est distante de la capitale, Dakar, de 300 kilomètres environ. C’est le chef lieu d’une vaste communauté rurale et d’un département couvrant une superficie de 3.105,7 kilomètres carrés pour une population de 81.215 habitants éparpillés dans 181 villages. En elle-même Malem-Hodar est composée de 18.000 habitants. La population est jeune (53,7%). Malem Hodar affiche l’un des plus faibles taux brut de scolarisation dans la région de Kaffrine : 38.52% contre une moyenne régionale de 48.42 %.

Le département se trouve à cheval sur la zone sahélienne Sud et la zone soudanienne Nord. On n’y retrouve pas de cours d’eau permanent. L’agriculture est donc pluviale. Elle constitue le principal domaine d’activité et occupe plus de 80% de la population active.

Le climat est chaud et sec. Il se caractérise par l’alternance de deux saisons :
 Une saison pluvieuse ou hivernage allant de juin à novembre. C’est la période des grandes cultures (arachide, mil, maïs, sorgho).
 Une saison sèche qui va de novembre à juin, période des cultures de contre-saison (maraichage). Cette activité, récente, occupe une très faible partie de la population, généralement les femmes (GPF).

b) Les objectifs du projet :

- Contexte du projet :

A l’initiative d’une association de femmes désirant pratiquer des cultures maraichères, ce projet vise à favoriser le maintien des familles dans leur communauté en organisant des activités lucratives. En effet, après la récolte des cultures d’hivernage, les agriculteurs bradent leurs productions pour payer les dettes et subvenir à leur besoin.

Dès le mois d’avril, la période de soudure commence pendant laquelle le prix des denrées de base peut varier du simple au double. C’est alors que survient la tentation d’émigrer vers la ville ou pire vers l’Europe. Le projet vise à démontrer qu’une vie digne est possible sur place et qu’un épanouissement tant social qu’économique est réalisable.

L’obstacle majeur des projets de maraichage au Sahel est l’arrosage. Si on utilise des arrosoirs, cela requiert beaucoup de temps et plus de la moitié de l’eau utilisée (et payée) est perdue. C’est pourquoi nous utiliserons un système d’irrigation goutte à goutte à basse pression très simple mais très efficace car la quantité d’eau est réduite de moitié et le rendement est multiplié par deux. Cette méthode d’irrigation permet par ailleurs de dégager du temps pour mener à bien d’autres activités lucratives.

Lorsque le potager biologique sera rodé, nous proposerons alors de sécher une petite partie de la récolte. En effet, une trop grande quantité de légumes pourrissent avant d’avoir eu le temps d’être vendus. Cependant, la préparation de légumes séchés ne fait pas partie des habitudes culinaires de la population. Il s’agira donc de mettre en place des ateliers innovants dans ce domaine.
Cette activité servira d’exemple et de référence dans la région. Ainsi, ces femmes seront également chargées de diffuser l’information et de transmettre leur expérience au sein de la population : journées portes ouvertes avec conférence sur l’agriculture durable (initiation aux enjeux planétaires) ; techniques culturales biologiques ; irrigation goutte à goutte basse pression.

Afin de pérenniser le potager et de développer d’autres activités lucratives, les bénéfices résultant de la vente des récoltes seront réinvestis en concertation avec les acteurs du projet. Ceci permettant à terme au projet d’évoluer en toute autonomie. Le solde servira de fond de crédit sans intérêt pour mener à bien d’autres activités.

- Objectif global :

Œuvrer à l’amélioration des conditions de vie et d’éducation dans les zones rurales du Sénégal, plus particulièrement dans la communauté rurale de Malem-Hodar.

- Objectifs spécifiques (OS) :

  • OS 1 : Créer une production maraîchère sur un terrain de 1000 m² en tant que culture de contre saison. Ceci engendrera une augmentation du taux d’emploi dans la communauté rurale et de ce fait diminuera le taux d’exode rural.
  • OS 2 : Développer la culture biologique, jusqu’à présent quasi inexistante dans ce secteur.
  • OS 3 : Installer un système d’irrigation de goutte à goutte performant.
  • OS 4 : Dégager un bénéfice sur base de la vente de légumes frais ou séchés permettant de reconduire le projet les années suivantes en toute autonomie financière.
  • OS 5 : Introduction progressive du séchage solaire d’une partie de la production (5%)

De plus, de manière transversale, les objectifs s’appuieront sur les valeurs suivantes :

Dimension écologique :

  • La production maraichère proposée respecte le sol en l’enrichissant de manière naturelle à l’aide de compost et de fumier. Ces terres resteront propres, sans excès de nitrates et autres composants polluant le sol et l’eau des nappes.
  • Mise en œuvre d’un nouveau système d’irrigation TIPA ( innovation technico-agricole pour la lutte contre la pauvreté, Tipa en anglais) présenté au Sommet Mondial sur le Développement Durable (SMDD) à Johannesburg en août 2002 par le Centre de Coopération International du Ministère Israélien des Affaires Etrangères. La technologie utilise de l’eau à basse pression par gravité permettant une économie d’eau de près de 50%.

Dimension sociale et intergénérationnelle :

  • Les femmes du projet cultiveront la terre à l’aide de pratiques culturales traditionnelles, tout en introduisant les techniques propres à la culture biologique, à l’irrigation goutte à goutte et au séchage des légumes. Les échanges entre plusieurs générations seront ainsi favorisés.
  • Chacun trouvera sa place dans le projet, qui par la culture des légumes, qui par la technique de séchage, qui par la commercialisation des légumes, qui par l’aspect didactique envers le reste de la population. Ce dernier point est important puisque c’est lui qui assurera la reproductibilité du projet dans d’autres villages.

Dimension genre :

  • Veiller à l’impact de ce projet en s’assurant que les bénéficiaires indirects du projet trouvent une représentativité au niveau genre.

c) Population visée par le projet :

  • Bénéficiaires indirects :

La population de Malem-Hodar est une communauté composée de plus de 18.000 habitants.

  • Bénéficiaires directs :

Un groupement de 100 femmes organisé en groupement d’intérêt économique (GIE) reconnu par le gouverneur de la région. Le GIE DEGGO est soutenu par :

  • le Service Départemental du Développement Communautaire (SDDC) qui formera les femmes en marketing.
  • Le Service Départemental de Développement Rural (SDDR) qui soutiendra les femmes en gestion des plantes et irrigation.
  • les Associations Sportives et Culturelles (ASC) des jeunes qui appuieront la mise en place des haies mortes.

Il est intéressant de signaler que ces femmes ont également suivi une formation organisée par l’Office National de Formation Professionnelle (ONFP) sur la transformation des fruits et légumes (conservation des légumes en bocaux et fruits en confiture ou en sirop.