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La voie de Barça

jeudi 30 avril 2009, par André Petithan

La voie de Barça – Hodar 2009

Pièce de théâtre sur les migrations

La vidéo de cette pièceest visible ici

Il y a 3 familles dans ce sketch :

La famille de l’agent d’élevage (Khady) avec son mari et sa co-épouse Adame. Cette famille ne consomme que ce qu’elle produit pendant l’hivernage, plus les cultures maraichères. Leur troupeau leur donne un peu de lait et leur volaille sert de viande.

Moussa : J’ai confiance en mes bras pour nourrir ma famille. Le contexte national, je dirais même international m’a trouvé dans cette dynamique et quelle que soit la situation je m’y adapterai.

Adame : En tous cas mon cher mari, je me plais dans ta maison contrairement à la majorité des ménagères que je connais.

Moussa :
Tout ceci est dû à la première femme, Khady. Elle m’a beaucoup appris et continue de me soutenir techniquement et financièrement.

Khady : C’est normal mon mari « Charité bien ordonnée commence chez soi ». Mais mon
ambition est plus large : sensibiliser toute la population en donnant l’exemple de notre famille.

Youssoupha, Mame Astou et Seynabou forment une famille sans ressources. Leur mari étant jeune et ayant deux épouses et des enfants à entretenir, il a pris la décision de partir à l’immigration dans les pirogues. Les deux vaches restantes sont vendues pour le voyage.


Youssoupha :
Astou vient là et appelle Seynabou

Astou : Seynabou vient répondre à Youssoupha

Seynabou : Que se passe-t-il encore ?

Astou : Je ne sais pas mais je vois qu’il a l’air content

Youssoupha : Je vous ai appelé pour vous annoncer une bonne nouvelle. Je dois partir en Espagne lundi et je veux que vous teniez la maison

Seynabou : Pour ça il n’y a aucun problème et nous allons prier pour toi

Astou : Tu pars avec quel vol ?

Youssoupha : Non, c’est une pirogue

Astou : Ne tente jamais ça mon mari, c’est dangereux de voyager en pirogue

Seynabou : Ca vaut le coup Astou, nous souffrons actuellement

Youssoupha : Que vous soyez d’accord ou pas, je partirai et je ramènerai beaucoup d’argent ;

Babacar, Sokhna et Bassine constituent une famille villageoise qui ne cultive ni n’élève. Leur mari Babacar est en ville, il se débrouille au quotidien. Son épouse et sa fille comptent sur le peu qu’il leur envoie. La nourriture pose problème, à plus forte raison les autres besoins.


Bassine :
Je commence à en avoir marre de cette vie Avec tous les sacrifices que je fais,
je n’arrive pas à joindre les deux bouts.

Sokhna : Maman tous mes camarades ont déjà leurs fournitures scolaires. Moi je n’ai
même pas de bic.

Bassine : Ne me fatigue pas ma fille, je pense à ce que tu manges !

Sokhna : Quand papa reviendra, je partirai avec lui

Babacar : Vraiment la vie est si chère ! Mais je suis obligé, je ne veux pas rentrer au village et rester aux champs. A y penser j’en ai des frissons.

Amath : Aujourd’hui est un jour malheureux pour moi. Comment vais-je annoncer cette nouvelle…mais il le faut. Allô…Mame Astou…c’est Amath un compagnon de Youssoupha. Je suis désolé, votre mari est mort. Notre pirogue a chaviré et il n’y a qu’un seul rescapé…c’est moi.

Bassine : Notre mari est mort !!!!

Sokhna : Il ne sera même pas enterré, nos enfants ne pourront même pas aller voir la tombe de leur père.

Boury : Il faut que je parle au gens

Quelques semaines plus tard, une réunion se tient chez Boury, une jeune cultivée du village et amie des femmes du village qui a vécu en Europe quelques années avant de revenir pour investir dans sa localité.

Boury : Bonjour tout le monde, il est temps que je parle avec les jeunes de mon pays ; Ils se font des illusions. La mort de Youssoupha m’a profondément choquée. Ceci peut s’éviter grâce à une campagne de sensibilisation. L’Europe n’est pas ce que vous pensez ;
en restant ici on peut réussir et vivre en paix surtout avec des personnes dévouées et expérimentées comme Madame Khady. C’est pourquoi je vous ai convoqué pour qu’on trouve ensemble des solutions.

Bassine : Tout ce que tu as dit ici est très important ; Je te conseille ma chère Khady de nous aider à concrétiser nos paroles en actes.

Adame : Je pense que le temps de passer à l’essentiel est venu. Avec ces milliers de morts, il urge de prendre des solutions pour arrêter ce fléau qui touche surtout notre espoir, la jeunesse et les femmes.

Sokhna : Je pense que la somme que nous versons poru le transport en pirogue peut être un capital de micro-projet. Pour exploiter l’agriculture, le commerce, la pêche…

Astou : nos forêts et nos mers doivent être mieux gérées pour que l’exploitation et ses retombées reviennent à la population et fixent les jeunes dans leur terroir.

Babacar : Je compte sur nos terres pour servir l’Afrique. Elle a un potentiel agricole, d’élevage, d’eau pour s’en sortir. Ainsi on doit subventionner et mieux encadrer ce secteur en améliorant le matériel, les semences et la terre. Ficelons un projet dans ce domaine.

Boury : Soyez en sûre, nous allons réaliser nos vœux qui exprime notre désir commun de mieux être en ficelant des projets d’embouche, de maraichage, de transformation des produits d’industrie, de production de charbon, les démarches seront entreprises dès demain. Merci de votre compréhension et d’avoir répondu si nombreux.

La séance est levée.

Chers spectateurs,

L’immigration a toujours existé, à la quête de meilleures conditions de vie. L’homme demeure mobile pour satisfaire celles-ci. Notre monde répond à la loi de la nature avec une contradiction dans toute chose : la nuit le jour, le ciel et la terre, l’homme et la femme, la vérité et le mensonge, la richesse et la pauvreté. C’est ainsi que les pays du Sud tentent de retrouver l’Eldorado a tout prix. Ce paradis selon eux est sans aucun doute les pays du Nord. Mais revenons à la raison et à toutes ces pertes de vie. En 2006, 1300 personnes sont mortes entre Nouhadibou (Mauritanie) et les îles Canaries.

Chanson :

L’Afrique d’autre fois était plus nantie
Dieu sait que c’était plus nanti
Quand je vous dis que la voie de Barça n’est pas bonne
Veuillez me croire la voie du salut est là.

Cultivons la terre, mère de l’abondance
Exploitons le bois la forêt est immense
Pêchons le poisson la mer est généreuse
Nos ancêtres se sont longtemps battus pour que nous soyons
Affirmons nous sans entrave la réussite est partout
Quand je vous dis que la voie de Barça n’est pas bonne
Veuillez me croire la voie du salut est là.

Textes et mise en scène : Abdoulaye Diallo et Mamadou Diop, enseignants à Hodar