Le périmètre maraîcher de Bangadj a été mis en place en 2021-2022. Il s’agit d’un projet agro-écologique qui regroupe différents aspects : sécurisation, infrastructures, formations et solarisation d’un ancien puits.

Le groupement féminin qui gère le périmètre compte 32 femmes et est aidé par quelques hommes du village. Lors du voyage de novembre, une visite d’évaluation s’imposait…

Ce vendredi 10 novembre, nous sommes donc arrivés vers 14h à Bangadj.

Ce qui frappe d’abord l’attention du visiteur, déjà depuis le chemin qui mène au périmètre, c’est le dôme de verdure qui émerge du paysage. En effet, en 3 ans, les plantations de hautes tiges (fruitiers, ombrageux, fertilitaires,….) ont très bien pris et jouent à plein leurs rôles: apporter de l’ombre, limiter l’évaporation trop rapide des arrosages, attirer ou éloigner certains insectes, fertiliser le sol grâces aux feuilles qui tombent et, bien entendu pour certains, donner des fruits.

Il est donc possible de travailler (et de visiter) à l’ombre, ce qui n’est pas négligeable….

Ensuite, dès l’entrée dans le périmètre, un autre élément interpelle : la parfaite organisation des parcelles. Aubergines douces ou amères, piments, poivrons, oignons, tomates,…. Des pépinières également, de salade notamment. Ca et là, des buissons de citronnelle, de menthe ou de basilic local, de vetiver aussi. Ces buissons jouent leur rôle de régulateurs d’insectes et de parasites, soit en les éloignant, soit en les attirant (ce qui libère les autres végétaux de cette charge).

Dans le cas de Bangadj, absolument aucun produit chimique n’est utilisé, ce qui représente une exigence très élevée. Par exemple, en avril 2023, une grande partie des plants ont dû être arrachés parce qu’ils subissaient une attaque massive de nématodes. C’est le prix à payer pour pouvoir repartir sur de bonnes bases.

Cette absence totale d’intrants chimiques a pour conséquence positive que les légumes produits se conservent nettement plus longtemps sans perte de qualité. Les clients du groupement en sont bien conscients, ce qui assure au groupement la fidélité des acheteurs et le succès des ventes.

Après la visite, nous avons longuement discuté avec le groupement.

Rentabilité, structure des dépenses, rôle des banques, importance du rôle de leader, solidité du groupement, qualité du partenariat avec Malem-Auder… Voilà autant de sujets abordés…

Par exemple, la dernière campagne (juin-novembre) donne les chiffres suivants :

Recettes : 950.000 cfa (1450 €)
Dépenses : 355.500 cfa (542 €)
Bénéfices : 599.500 cfa (915 €)

Les dépenses incluent (et c’est important) : la nourriture et l’insémination des vaches (qui fournissent l’engrais), le renouvellement d’une partie de l’outillage, les semences et les pépinières, la consommation personnelle de légumes par les familles des femmes et la part sociale (c’est-à-dire l’aide apportée en cas de maladie ou de décès dans le village) On remarquera que beaucoup de ces dépenses sont en fait des investissements.

La presque totalité du bénéfice est mise en tontine (système de prêt avec intérêt) et chaque membre du groupement reçoit 15000 cfa avec une redevance de 3000 cfa tous les 6 mois. Ce rôle de tontine est considéré comme très important car il permet aux femmes d’éviter de tomber dans ce que l’on considère comme le piège bancaire (taux d’intérêt débiteur très important et surtout partiellement caché)

Un élément important également, c’est la charge de travail des membres du groupement : on estime à 4h de travail quotidien pour les 32 membres le temps de travail moyen, ce qui permet de libérer les femmes pour les tâches quotidiennes.

Quant au partenariat avec l’asbl, il est considéré comme plus fiable et efficace que d’autres expériences menées par le passé avec d’autres ONG.

Enfin, les femmes expliquent qu’elles peuvent également, dans leur parcelle propre, à la maison, entretenir un petit potager et donc valoriser encore plus leurs nouvelles compétences. Elles sont d’ailleurs souvent sollicitées pour des conseils par des personnes ou des groupements extérieurs encore liés aux techniques traditionnelles, considérées comme moins rentables.

Quelques illustrations…..